Hommes et Faits Historiques
08/12/2009 01:25-
- Giudice de Cinarca (Sinucello della Rocca)
Né à Olmeto en 1221, Sinucello della Rocca plus connu sous le nom de Guidice de Cinarca est la figure la plus représentative des puissantes seigneuries qui, au XIIIème siècle se partageaient la Corse, les unes partisanes de Gênes, les autres de Pise.Issu de la famille des hobereaux de Cinarca qui contrôlaient, dans le sud, presque la moitié de l’île, Sinucello jeune engagé dans l'armée de la République de Pise reçoit, à 24 ans le titre de "Guidice" (Juge, soit magistrat suprême) ainsi que la mission de soumettre le reste du pays.
Redoutable adversaire du camp qu'il ne choisit pas, Guidice réussit très vite à progresser dans sa conquête de l’île .Cependant, en 1258, il se rallie à Gênes et lui jure fidélité pour, quelques années plus tard, en 1280, à l'occasion d'un désaccord, se déclarer vassal de Pise .
Puis après avoir reconnu la suprématie de Gênes sur Pise en 1289, il se retourne contre elle en 1290.Il devient très vite maître du pays et veut gouverner dans la paix et la justice, connaissant ainsi auprès de la population épuisée par ces luttes incessantes un succès certain tandis que sa versatilité, ses succès, et sa forte personnalité en font un "homme à abattre" pour ses pairs..
Ainsi, ce seigneur, sans doute guerrier hanté par le pouvoir, nouant successivement et au gré de ses rancunes des alliances avec les deux Républiques en lice, sera finalement la victime et de Pise et de Gênes.
En effet, Pise l'abandonne d'autant plus facilement qu'une des clauses d'une trêve signée entre Génois et Pisans en 1299 stipule son bannissement - tant est redoutable son énergie guerrière. Et c'est par la trahison d'un de ses fils naturels que Guidice de Cinarca est capturé par les génois sur la Plage de Propriano, emmené à Gênes où il est emprisonné et meurt en 1306 selon les uns, en 1312 selon les autres.Comme bien des figures de l'Histoire, Guidice de Cinarca a aujourd'hui rejoint la légende dans laquelle chacun trouvera, selon sa sensibilité, soit patriotisme héroïque, soit folle ambition.
- Sampiero Corso
L'homme naquit au pied du mont Renosu, alors qu'à Florence périssait dans les flammes le moine Savonarole.
Tout jeune, il s'engagea sous les ordres du dernier grand condottiere florentin : Giovanni de Medeci. Ce grand capitaine pensait le métier des armes comme le complément indispensable des beaux-arts.Homme d'érudition, il combattait avec un courage qui en imposait à ses mercenaires. Il reconnut dans le jeune Corse un égal et le récompensa comme tel.
Giovanni de Medeci passa au service de la France en 1522, emmenant avec lui Sampiero. [...] Sampiero lutta aux côtés de Bayard et se couvrit de gloire jusqu'à mériter le titre de colonel de l'infanterie corse au service de la France. Il revint alors dans son île pour épouser Vannina d'Ornano, héritière de l'une des plus illustres familles corses. Il avait cinquante ans et sa jeune femme trente-cinq ans de moins.
Les Gênoissupportèrent difficilement le prestige du vieux soldat et le firent emprisonner. Libéré grâce à l'intervention du roi français Henri II, Sampiero revint pour voir raser la maison qu'il avait fait construire à Bastelica. C'était une offense mortelle.
Plus tard, lorsque Pascal Paoli décrétera sa justice, il ordonnera de raser les maisons appartenant à ceux qui se livraient à la vendetta.Car l'homme qui perd sa maison perd ses racines.
Sampiero voua à Gênes une de ces inimitiés qui brûlent un cœur à chaque seconde de la vie. Pour mener la guerre contre la république ligure, il s'allia à Charles Quint, son vieil adversaire.
Puis, au service de l'alliance franco-turque, il participa au débarquement à Bastia. Les Turcs abandonnèrent la Corse en 1553 et Sampiero resta seul face aux Génois, conduits par Andrea Doria.
Ce dernier alignait douze mille hommes.
Le 18 septembre 1554, les Corses de Sampiero les taillèrent en pièces au col de Tenda.
Le 15 septembre 1557, à Viscuvatu [Vescovato], la Corse fut incorporée à la couronne de France.
Les grandes puissances ont souvent des raisons que la raison de petites nations ignore. Deux ans plus tard, le traité de Cateau-Cambrésis restitua la Corse aux Génois. [...]Nommé ambassadeur extraordinaire en Turquie par le roi de France, Sampiero Corso laissa épouse et enfants en sa demeure de Marseille. La jeune femme se morfondait et se laissa manipuler par le précepteur de ces enfants, l'abbé Michel-Ange Ombrone, espion génois.
Vannina vendit les biens de Sampiero et embarqua pour la capitale ligure. Son époux l'apprit et fit intercepter le navire.
Il jugea alors sa femme et la condamna à mort.
Elle accepta la sentence, le suppliant seulement de l'étrangler de ses propres mains plutôt que de la livrer au lacet du bourreau. Ce que fit Sampiero.Ce meurtre fit grand scandale, car la défunte appartenait à une famille noble. La reine de France fit savoir qu'elle ne recevrait pas ce « tueur».
L'affaire inspira Shakespeare qui transposa Sampiero dans le personnage d'Othello.
Le vieux lion ne renonça pas à sa lutte pour la libération de la Corse. En 1564, il débarqua dans le golfe du Valincu à la tête de vingt-cinq mercenaires gascons. Il posa le pied sur la terre sacrée et prononça ces mots :
« Je ne suis pas venu ici pour mes intérêts particuliers mais pour libérer ma pauvre patrie. »Les Corses gardaient un souvenir cuisant de la trahison française et se rallièrent fort peu au vieux colonel. Pourtant, avec deux cents hommes expérimentés, il battit les Génois.
Alors, les villages de Corse lui envoyèrent des renforts. La révolution embrasa le territoire, des montagnes jusqu'à la plaine. Il n'y eut que le Cap pour résister à cette vague libératrice qui submergea l'île.
La famille d'ornano offrit deux mille ducats d'or à qui ramènerait la tête du colonel tandis que Gênes en promettait quatre mille. A Livia, une assemblée de la Nation corse venait de lui prêter serment de fidélité. Sampiero portait gaillardement ses soixante-neuf ans et menait le combat.
La guerre ravageait l'île et les atrocités répondaient aux massacres. Les Génois décidèrent de se servir des frères d'Ornano pour tuer le vieux lion.Non loin de Prunelli se découvre la plaine qui mène à la mer. Au loin se découpe le golfe d'Ajacciu.
Là tomba le 17 janvier 1567 Sampiero Corso, héros de l'histoire insulaire. - Pascal Paoli
Fils cadet de Hyacinthe Paoli - ancien général de la Nation, chef de la deuxième des quatre insurrections qui ont marqué la Révolution Corse - Pascal Paoli est né à la Stretta, un hameau de Morosaglia, le 6 avril 1725.Exilé à Naples en 1739, Hyacinthe entraîne avec lui son fils Pascal qui reçoit là une solide instruction ainsi qu'une formation intellectuelle puisant, semble-t-il, aussi bien aux sources de la culture classique qu'aux théories modernes, celles notamment des philosophes français. Sa culture d’honnête homme lui permettant en effet de parler et lire à peu près couramment l'anglais et le français, il s'intéresse très tôt aux doctrines étrangères tout en manifestant un faible pour la politique, sous son aspect le plus clairvoyant et le plus désintéressé.
Cette tendance comme son attachement à la Corse qu'il a quittée à quatorze ans le rendent, alors qu'il fait carrière militaire en Italie, très attentif aux affaires de son île dont il est tenu informé par son frère Clément et quelques amis .
Ce sont eux qui, à la mort du Général Gaffori nommé Chef Suprême des Corses, assassiné alors que son gouvernement révolutionnaire contrôle une grande partie de l'île, pressent Pascal Paoli de rejoindre son pays pour se porter candidat à la magistrature suprême.
Sans doute déjà mûr pour une telle décision, âgé de trente ans, le jeune officier débarque sur le sol de son pays natal en Avril 1755 où il est élu le 13 Juillet 1755 - contre son adversaire Marius Matra - Général en Chef (Capu Generale) par la Consulte de Saint Antoine de la Casabianca qui l'investit de la mission d'une guerre décisive contre Gênes.
Il gouvernera la Corse pendant 14 ans.
Pour s'imposer autrement que par son élection qui n'a pas fait l'unanimité et parce que tel est son idéal, Pascal Paoli s'attache à réaliser mieux que ses prédécesseurs l'unité morale et politique de la Nation.
Après avoir vaincu une insurrection fomentée par Matra, et, en divers points de l'île, de vives résistances faites de sympathies tantôt génoises tantôt françaises ou simplement d'hostilité envers un homme venant de l'exterieur, fervent partisan d'une démocratie dont tous n'ont pas d'emblée saisi le sens, Pascal Paoli réussira enfin à prendre effectivement la tête de son pays .
Fixant la capitale à Corte, il y fait voter une Constitution affirmant la souveraineté de la Nation Corse ainsi que la séparation des pouvoirs, fait frapper monnaie, dote la justice de tribunaux réguliers, crée une armée et s'efforce de doter le pays d'une petite flotte.
Sur le plan économique, il encourage le développement de l'agriculture, fait assécher les marais et stimule le commerce mais le blocus des villes maritimes dont il n'a pu chasser les génois en empêche l'épanouissement. Afin de créer des échanges nouveaux et contrebalancer le pouvoir de Calvi, place forte génoise, il fonde l'Ile Rousse.
Désireux d'aider la nation corse à s'affirmer, il organise l'école primaire et fonde une Université à Corte.
Cependant, Gênes qui, en 1764 est encore présente mais à bout de ressources dans les principales villes côtières qu'elle a fondée, devant l'impossibilité de traiter avec Pascal Paoli, demande aide à la France. Celle-ci essaye de négocier avec le Babbu (père) de la jeune nation mais n'obtient de lui que la réaffirmation de sa volonté d'indépendance et dans le pire des cas, conscient de la nécessité d'une politique extérieure, l'acceptation d'un protectorat.
Les négociations entre la République de Gênes et la France de Louis XV aboutiront finalement le 15 Mai 1768 au Traité de Versailles.
Ainsi, qu'elle ait été vendue ou donnée en gage d'une dette, la jeune nation corse se voit traitée en objet et lors de la Consulte du 22 mai 1768 se prononce pour la résistance armée.
Pascal Paoli combat pendant un an contre son nouvel adversaire, un des plus puissants maîtres d'Europe, mais il est vaincu au cours de la bataille de Ponte Nuovo le 8 mai 1769 .
Après quelques tentatives de résistance, Pascal Paoli est contraint de s'exiler et s'embarque le 13 juin sur un vaisseau anglais.
Invité par le roi, l'Angleterre l’accueille avec tous les honneurs dus à celui que l'on considère en Europe comme un véritable homme d'état assorti de l'étoffe d'un héros.
En effet, la révolution des Corses menée par Pascal Paoli, qualifiée par certains de titanesque face aux Génois et alors que la Corse est, jusque là, un petit morceau de terre inconnu de tous, suscite et rassemble depuis quelques années les sympathies des opinions publiques et des intellectuels européens, au point de créer un véritable mythe paolien, au sens grec du terme .
Outre la renommée établie par Jean Jacques Rousseau, James Boswell ou encore Voltaire, ce sont, en Europe, livres, gazettes, correspondances privées, essais qui abondent en éloges, et ce sont diplomates, hommes d'affaires ou historiens qui témoignent leur admiration et leur estime envers celui que le grand Frédéric qualifie de :
généreux protecteur et défenseur de sa patrie, ce grand homme dont l'estime et la vénération publiques ont déjà rendu le nom immortel.
Alors que la Bastille vient de rentrer pour toujours dans l'Histoire et 21 ans après avoir quitté son île, Pascal Poli voit son exil à Londres prendre fin avec l'amnistie envers les corses expatriés proposée par Mirabeau en 1789.
Passant par Paris en avril 1790 où il est reçu par Louis XVI, loué par Robespierre et acclamé par le peuple, il débarque en Corse qui, devenue département français, connaît comme d'autres provinces la fermentation croissante des partisans de la Révolution et de ses adversaires.
Pascal Paoli est élu Commandant en Chef des Gardes Nationales et Président du Directoire Départemental .
Mais après un si long exil, loin des réalités insulaires, dans une période de mutations en cascade, Pascal Paoli n'est plus maître de l'île.
Alors que les divisions s'accentuent, avec le soutien du Comte Pozzo di Borgo, il croit sage pour sauver la Corse et lui permettre un gouvernement à part de la séparer de la France afin de lui assurer de la part d'un autre Etat - de préférence une grande puissante maritime aux institutions plus libérales que celles de la France - un système de protectorat .Dès l'année 1792, prenant ses distances avec les partisans corses de la Révolution, il est traduit par Lucien Bonaparte comme contre-révolutionnaire devant la Convention et déchu de son commandement.
Proclamé Généralissime par ses partisans en 1793, il réussit à prendre le contrôle de la plus grande partie de l'île et rédige un acte d'accusation contre la Convention, ce qui l'amènera à être déclaré traître à la République et mis hors la loi.
Tandis que troupes françaises et troupes paolistes s'affrontent, le Père de la Nation Corse sollicite l'appui de l'Angleterre qui, avec l'escadre de Nelson, brise la résistance à Bastia, Saint-Florent et Calvi.
La Constitution d'un royaume anglo-corse naît le 15 juin 1794 avec à sa tête, non pas comme il l'escomptait Pascal Paoli, mais le vice-roi anglais ...Sir Gilbert Elliot.
Cette union ne durera que deux ans. Des troubles naissent en Castagniccia et prennent une telle vigueur que Pascal Paoli est sur la demande d'Elliot rappelé à Londres.
Ainsi, en octobre 1795, Pascal Paoli reprend le chemin de l'exil.
Son île qu'il n'avait jamais cessé de rêver libre, sera réoccupée sans heurt par les troupes françaises en octobre 1796 .,
Après avoir vécu 47 ans d'exil, Pascal Paoli meurt à Londres le 5 Février 1807 et est inhumé au cimetière de St-Pancrace.
Les cendres de cette personnalité exceptionnelle qui a séduit tant d'hommes touchés par l'esprit des lumières et ébloui le jeune Napoléon Bonaparte reposent depuis 1889 à Morosaglia .
- Napoléon Bonaparte
Il naît le 15 Août 1769 dans une maison de la rue Malerba, aujourd'hui rue Saint Charles, à Ajaccio , tout comme ses douze frères et sœurs - dont sept survivront - que lui donnent ses parents Letizia et Charles Marie Bonaparte.Celui-ci, qui en 1768 combattait aux côtés de Pascal Paoli, prenant peut-être conscience du caractère irréversible d'une Corse rattachée à La France, se rallie très vite à cette dernière et en obtient diverses faveurs dont une bourse d'études qui permet au jeune Napoléon, d'être admis à l'école militaire de Brienne .
Agé de neuf ans quand il quitte Ajaccio, Napoléon est déjà un enfant indépendant et un esprit fort . Il reconnaîtra plus tard :
"je ne craignais personne, je battais l'un, j'égratignais l'autre. Je me rendais redoutable à tous".
A Brienne, tout en poursuivant ses études, il sent naître pour son île non pas un simple "amour du pays" mais un véritable patriotisme et s'enthousiasme pour le général Paoli - pour l'homme, son idéal et son action .
En 1784, il entre à l'école militaire de Paris dont il sort lieutenant d'artillerie . A 16 ans, son ambition est alors de rentrer sur son île pour y faire carrière politique et militaire rêvant d'y prendre un jour la première place.
Quand en 1789, éclate la Révolution, Napoléon est acquis à ses idées. Il prend part aux luttes politiques qui divisent la Corse et très vite alors qu'il est âgé de 2O ans, son ambition inquiète Pascal Paoli dont il devient bientôt l'adversaire .
En 1792, il est contraint de s'éloigner d' Ajaccio lorsque après une sanglante émeute dégénérant en guerre civile, il échoue dans sa tentative de prise de la Citadelle.
L'année suivante, sa famille fidèle à la Convention, cible d'une population qui garde rancune à Lucien (frère de Napoléon) de sa virulence contre Paoli, doit se réfugier dans sa maison de campagne aux Milelli avant de rejoindre Napoléon. Celui-ci tente, en effet, une nouvelle fois, depuis la tour du Capitello, de s'emparer de la ville avec l'aide de la flotte de la République mais il connaît un nouvel échec.
Cet échec marquera le départ de Napoléon Bonaparte d'abord vers Toulon puis vers un autre destin, rappelant ainsi l'appréciation qu'avait porté sur lui un de ses professeurs à l'école de Brienne :
"Corse de nation et de caractère, il ira loin si les circonstances le favorisent" .
Ce homme jeune et ambitieux qui pressent déjà en lui une sorte de génie quitte son île mais, à n'en point douter, celle-ci restera à jamais berceau des siens et de ses affections.
Nommé, cette même année 1793 Chef de l'Artillerie dans l'armée chargée de reprendre Toulon aux royalistes, il se couvre de gloire.
Après avoir connu quelques déboires dus à la crise politique de la France notamment à la chute de Robespierre, Napoléon se voit confier, en 1796, peu avant son mariage avec Joséphine de Beauharnais, le commandement des troupes dans la campagne d'Italie au cours de laquelle son étoffe de stratège militaire se double de l'étoffe d'un véritable chef d'Etat.
C'est en effet, après avoir battu Piémontais et Autrichiens, qu'il leur impose la paix (Campoformio1797), façonne ce qui deviendra plus tard le royaume d'Italie, puis c'est la campagne d'Egypte, d'où il rentre en octobre 1799 investi par les modérés du soin de les débarrasser du Directoire.Mais ce n'est pas en simple instrument de la bourgeoisie que Napoléon Bonaparte œuvre en cette fin 1799 : à la suite du coup d'Etat du 9 et 10 novembre, il se fait proclamer Premier Consul de la République et devient maître du pays en lui imposant la Constitution du l 'An VIII qui lui octroie pouvoir exécutif et initiative des lois.
Chef d'Etat et des Armées, Napoléon, doué d'une capacité de travail, d'une intelligence, et d'une imagination créatrice exceptionnelles, réforme en un temps record l'administration et la justice .
Une nouvelle fois victorieux contre la coalition autrichienne, imposant la paix aux Anglais, signant en 1801 le Concordat avec Pie VII qui met l'Eglise de France au service du régime, Napoléon voit son pouvoir grandir de jour en jour et supporte de plus en plus mal l'opposition.
C'est ainsi qu'un complot royaliste étant découvert, il se fait proclamer en 1804 empereur des Français sous le nom de Napoléon 1er, puis roi d'Italie en 1805.
Se crée alors autour de lui une véritable " monarchie " avec cour et noblesse d'empire tandis que le régime établi poursuit, sous son impulsion, réformes et modernisation : enseignement, urbanisme, économie, beaux arts, création du code Napoléon donnant une base juridique à la société issue de la Révolution...
Mais l'Empereur est vite accaparé par la guerre.
Echouant devant l'Angleterre ( Trafalgar 1805 ) mais réussissant une série de campagnes contre les Austro-Russes ( Austerlitz 1805 ), les Prussiens ( Iéna 1806 ) il édifie le grand Empire après le traité de Tilsit en1807 .En réponse au blocus maritime appliqué par Londres, Napoléon met en place entre 1806 et 1808 le Blocus continental afin d'isoler l'Angleterre. Ce blocus certes dynamise l'industrie et l'agriculture françaises mais gêne l’économie européenne et oblige l'Empereur à développer une politique expansionniste qui, des Etats Pontificaux au Portugal et à l'Espagne en passant par la maîtrise d'une nouvelle coalition de l'Autriche (Wagram 1809) laisse ses armées épuisées.
En 1810, soucieux d'assurer une descendance, Napoléon épouse Marie Louise d'Autriche qui lui donne un fils Napoléon II, roi de Rome.
En 1812, pressentant de l'hostilité de la part du Tsar Alexandre 1er, la grande Armée de Napoléon envahit la Russie.
Cette sanglante et désastreuse campagne fera sonner le réveil de l'Europe orientale qui, de coalition en occupation de la France par le Sud et par l'Est, verra Paris envahie par les troupes ennemies le 4 mars 1814 et quelques jours plus tard Napoléon contraint d'abdiquer en faveur de son fils puis, le 6 avril 1814, de renoncer à la totalité de ses pouvoirs.
C'est de mai 1814 à mars 1815, durant son séjour forcé à l'Ile d'Elbe, seule et dérisoire souveraineté que lui laissent ses victorieux ennemis, que Napoléon verra Autrichiens, Prusses, Anglais et Russes se partager , au cours du Congrès de Vienne, ce qui fut son Grand Empire.
Echappant à la surveillance anglaise, Napoléon réussit à rentrer en France en Mars 1815 où soutenu par les libéraux - ennemis des Bourbons - il connaîtra un second mais bref règne connu sous le nom des "Cent Jours" qui vaudra à la France une nouvelle coalition de l'Europe amenant au lendemain du désastre de Waterloo la nouvelle abdication de l'Empereur le 22 Juin 1815.
C'est ainsi que s'en remettant aux Anglais, cet insulaire au destin peu ordinaire se verra assigné comme prison la lointaine île de Sainte- Hélène, où avant de s'y éteindre le 5 mai 1821, il évoquera souvent avec nostalgie son île natale pour laquelle il confiera avoir été trop occupé par guerres et jalousies pour avoir eu le temps et les moyens de mettre en œuvre les grands projets qu'il avait conçu pour elle .
Intentions réelles ou regrets tardifs, l'histoire le dira peut être un jour mais il n'en demeure pas moins qu'entre Napoléon et la Corse les liens sont aujourd'hui indestructibles et ceux qui contestent les actions de l'homme illustre aiment cependant le petit Ajaccien qui s'isolant sur les hauteurs boisée de la ville pressentait peut-être déjà un destin hors du commun.
- Giudice de Cinarca (Sinucello della Rocca)
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